Elue avec 65% des voix, Sophie ROHFRITSCH, maire de Lampertheim et vice présidente UMP du conseil régional d'Alsace se présente aujourd'hui comme la seule femme députée du Bas-Rhin (1). Cette élection pose néanmoins plus de problèmes qu'elle n'apporte de solutions. A commencer par celui du cumul des mandats.
La nouvelle députée va-t-elle abandonner son mandat de maire de Lampertheim au risque de faire disparaître le nom des ROHFRITSCH pourtant attaché à la fonction depuis des lustres ? celui de vice-présidente du Conseil régional d'Alsace en charge de l'enseignement supérieur, de l'innovation, de la recherche et des transferts de technologie, un poste où de l'avis de nombreux spécialistes elle ne s'est guère fait remarquer par ses résultats ?
Alors qu'en son temps le député sortant Yves Bur, à défaut de pouvoir se libérer du carcan de son parti, trouvait à se faisait entendre par ses prises de position sur des questions sociétales, quelle sera la latitude de mouvement de Sophie ROHFRITSCH vis à vis des cadors du conservatisme, sachant le peu de place laissé aux femmes au sein de l'UMP ?
En annonçant vouloir faire du développement économique et de l’innovation l'axe majeur de son mandat, ne se condamne-t-elle pas à jouer les utilités en se mettant dans les pas du parti socialiste grand initiateur de cette politique ?
Localement, saura-t-elle se démarquer des prises de positions datées sinon catégorielles de l'UMP sur des sujets aussi sensibles que ceux du GCO ? de la mixité sociale en milieu périurbain ? des déplacements pendulaires et de proximité ? du maintien à domicile des seniors ? de la maitrise du coût du foncier , etc.
A défaut de l'avoir entendu utilement sur tous ces sujets, on peut s'en faire une idée en se rapportant aux retours sur investissements de la politique municipale menée à Lampertheim, une commune dont elle maire depuis 2001 et avant elle son beau père pendant plus d'un quart de siècle.
Il y a bien sûr les équipements de proximité, réalisés en nombre grâce à des rentrées fiscales généreuses et largement au dessus de la moyenne nationale, mais également et c'est à noter, cette politique d'expansion communale qui a vu fleurir des lotissements de plus en plus cossus, de plus en plus richement dotés en pavés autobloquants, massifs floraux et...autres 4/ 4 rutilants ou berlines de grosse cylindrée.
Des détails pour certains mais qui s'accordent bien avec le revenu médian des ménages de cette commune, et qui est désormais bien supérieur à celui que l'on peut rencontrer dans bien des communes, à commencer par celles proches de Bischheim ou même de Reichstett !
Pour le reste, les électeurs de cette circonscription auront très certainement à chercher ailleurs que dans l'issue de cette élection les solutions aux problèmes qui s'imposent à eux. En cela, ils pourront compter sur le concours éclairé des élus socialistes de la Communauté urbaine de Strasbourg, soucieux dans les prérogatives qui sont les leurs, de trouver le bon équilibre entre problématiques locales et interêt général. Soucieux de répondre également aux spécificités liées à la rurbarnité, ce néologisme né de la contraction de l'urbain et du rural, deux termes qui en ces lieux se télescopent pour donner un paysage qu'il s'agit désormais de continuer à décrypter sous des approches novatrices et multifactorielles.
C'est ce travail auquel le PS local s'est attelé. En la matière, et pour en comprendre les impacts, on ne saurait se contenter d'une lecture rapide des derniers résultats électoraux.
Gagner une élection avec 65% des voix pourrait en tout autre lieu donner prétexte à des satisfecits appuyés. Dans cette circonscription de Strasbourg campagne, amputée pour la bonne cause de ses communes les plus urbaines, les bulletins de vote ne chiffrent qu'imparfaitement la progression de la culture de la ville et de ses représentations.
Les idées progressistes qui aux yeux de la droite locale s'apparentent encore et toujours à celle de la faucille et du marteau (n'est-ce pas monsieur André Schneider )(2) prennent ici lentement leur place comme on a pu le constater en bien des lieux comme dans le bureau 4 de Mundolsheim (42%), le bureau 3 d'Oberhausbergen (41%) le bureau 3 de Wolfisheim (45%) ou bien encore le bureau 1 d'Eckbolsheim (46%), soit autant de scores qui s'approchent du seuil des 50%.
Assurement, cette culture de la périphérie urbaine a peu de chance de se reconnaître dans les préoccupations de la députée nouvellement élue. Son programme en trompe l'oeil utilisant les termes de justice sociale et de solidarité apparaît rétrospectivement comme un copié collé de valeurs dont l'interêt ne vaut en ce qu'il s'appui sur un bilan.
Venant à la suite d'un quinquennat présidentiel qui n'aura fait que renforcer les inégalités et les stigmatisations de toutes sortes, Sophie ROHFRITSCH en fidèle soutier de l'UMP aura bien du mal à faire valoir une autre politique, telle qu'elle l'affirme haut et fort.
Plus inquiétant, ses propos de campagne à l'égard du concordat et de l'identité alsacienne, des «gens qui travaillent » laissent ouvertes toutes les interprétations sur les délicates questions du vivre ensemble et de l'acces au travail.
Finalement il n'aura manqué au Parti socialiste que le temps nécessaire pour faire valoir en ces lieux des propos qui soient la réponse attendue aux exactes préoccupations des électeurs. Ce temps qui aura manqué également à Nadine SOCCIO, courageuse militante bien décidée à propager les valeurs de simplicité et de proximité nécessaires à toute politique réussie.
Au final, si le temps aura manqué au Parti socialiste pour traduire dans les urnes ce travail de fourmi élaboré à longueur d'année, gageons que la prochaine élection saura mettre en lumière les qualités de patience et d'abnégation dont font preuve les militants et les sympathisants de cette circonscription
Francis Alexis HAMMER
Secrétaire de la section de Mundolsheim
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(1) A ce titre il faut saluer la manœuvre de Yves Burr, député sortant, qui aura attendu la toute dernière extrémité pour annoncer son désistement au profit de sa jeune protégé et à l'encontre de mâles appétits venus d'horizons proches ou lointains.
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(2) André SCHNEIDER député UMP sortant vient d'être réélu à plus de 65 ans sur un score des plus minimes (50,99%), un score qui compte tenu des réserves de voix du 1er tour et de l'abstention du candidat du FN au second soulève un certain nombre de questions. Dans un tract ciblé, il n'a pas craint d'agiter le retour de la faucille et du marteau menaçant les transmissions du patrimoine, l'existence du régime local de sécurité sociale et la pérénité du régime des retraites !!!
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Résultats du 2e tour des élections législatives 2012 4eme circoncription du Bas-Rhin
Nombre Inscrits 89 926
Abstentions 43 784 = 48,69 %
Votants 46 142 = 51,31 %
Nombre % Votants
Blancs ou nuls 1 323 = 2,87 %
Exprimés 44 819 -= 97,13 %
Voix % Exprimé
ROHFRITSCH Sophie (Union pour un mouvement populaire) 29 154 = 65,05 % Elue
SOCCIO Nadine (Parti socialiste)15 665 = 34,95 %