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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 11:04



C'est un beau voyage que nous propose l'excellent Jacques Donzelot. Un voyage qui ne perd jamais de vue le nécessaire retour et qui incite à un va-et-vient incessant entre là-bas et ici. Là-bas : les Etats-Unis et la démarche des CDC, Community Development Corporations. Ici : la France et notamment la poltique DSU, Développement Social et Urbain. Jacques Donzelot s'attache à montrer que derrière la similarité des langages " technico-militants ", ce sont deux visions diamétralement opposées sur la ville. Il se plaît à résumer son argumentation par une formule : " Nous avons une propension à traiter des lieux plutôt qu'à aider les gens à se mettre en mouvement. Nous préférons restaurer la confiance envers les institutions qu'entre les personnes ". La critique est sévère, mais au final extrêmement convaincante, et il s'agit sans aucun doute d'une des analyses les plus stimulantes des ambiguités de notre politique de la ville. Que sont ces CDC ? Il les décrit à partir de trois mots qui reviennent comme des leitmotivs et semblent résumer la démarche : bottom up, community building, empowerement. Bottom up : le mouvement doit partir de la population, ce qui n'est pas si simple qu'on voudrait bien le croire. Le simple fait que les CDC définissent elles-mêmes leurs territoires d'interventions devrait suffire à mettre en relief les implicites de nos ZEP, ZUP et autres quartiers DSU, aux frontières rigoureusement définies par des critères avant tout statistiques. Les CDC sont souvent créées à la suite d'un évènement particulier (protestation contre telle ou telle implantation...) et une partie au moins des décideurs sont élus par les habitants du quartier. Community Building : peut-être s'agit-il ici de ce qui sonne le plus mal à nos oreilles républicaines. Prenant acte des tensions entre communautés, mais aussi des ressources que celles-ci constituent pour les individus, les CDC prennent appui sur elles pour renouer un dialogue, " construire un voisinage ". Enfin, empowerment : il s'agit de redonner confiance aux gens, et ensuite de les mettre face à leurs responsabilités, quitte à les sanctionner s'ils ne les assument pas. Il est ainsi symptomatique que les équivalents de nos travailleurs sociaux accueillent de manière plutôt favorable la décision de restreindre dans le temps l'allocation pour mères isolées, l'une des principales allocations sociales américaines. Le repoussoir est plutôt constitué par l' " entitlement ", le " droit à ", perçu comme inhibant voire infantilisant. Il est probable que l'on reprochera à Jacques Donzelot d'avoir une vision un peu trop idyllique de la situation américaine. De fait, un certain malaise affleure lorsqu'on lit que telle réunion des habitants du quartier avec la police réunit 20 personnes sur.... 9000 ! Mais ce serait sans doute lui faire un mauvais procès : c'est aux principes de la politique de la ville qu'il s'est intéressé et, sur ce point, force est de constater le pouvoir d'attraction des CDC. Il faut lire ce récit de quartiers sous tension, où jouxtent parfois homosexuels et portoricains et où émerge pourtant, petit à petit, un mini mouvement social, délaissant le fatalisme et l'indifférence initiaux. De retour, notre politique urbaine nous apparait bien triste : méfiante envers les habitants, persuadée que l'administration constitue l'autorité suprême parce qu'elle représente l'intérêt général contre les intérêts particuliers, elle semble dans une effroyable impasse, prise dans un cercle vicieux qui ne nécessite pas plus de moyens, mais d'autres orientations. C'est la ville que nous voulons identiques sur tous les territoires, et c'est surtout l'égalité d'accès aux services publics qui constitue l'objectif. Comme à son habitude, Jacques Donzelot vise juste et perçoit sans doute quelque chose d'essentiel.

Publié par FATHIER pour WIKKIO

Faire société. La politique de la ville aux Etats Unis et en France.
Jacques DONZELOT avec Catherine MEVEL et Anne WIVEKENS- Edition du Seuil - 2003
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