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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 07:46

 

 

Acteurs publics poursuit la publication d'opinions d'experts sur le rôle de l'État en donnant la parole à François Dubet. Le sociologue spécialiste de l’éducation préconise un État “maigre et plus fort”, accordant plus de pouvoirs aux collectivités locales.

En matière d’éducation, faut-il plus ou moins d’État ?


Je crois qu’il faut un État plus maigre et plus fort. Concernant l’université et l’école, les collectivités locales devraient avoir plus de capacité d’action et d’intervention. Dans le même temps, l’État doit garder une fonction de pilotage central, de régulation et assurer la péréquation. Aujourd’hui, dans le domaine de l’enseignement, l’État est souvent lourd, pesant. En réalité, quand on descend sur le terrain, l’État ne parvient plus à contrôler vraiment.


Les rectorats jouissent pourtant d’une grande autonomie…
Il existe en effet une forte déconcentration au niveau des rectorats, mais quel rôle réserve-t-on aux communes, aux départements, aux régions ? On ne peut pas éternellement demander aux collectivités locales de financer les équipements et leur entretien et les écarter de la politique scolaire locale. Elles devraient jouer un rôle.


Lequel ?
On pourrait imaginer une gouvernance des établissements scolaires plus enracinée localement, avec notamment des recrutements plus près du terrain. Je ne vois pas pourquoi les régions, les départements et les communes n’auraient pas leur mot à dire sur le contenu des formations. Dans le même temps, la France est ainsi faite, il faut que la plupart des acteurs déconcentrés jouent le même jeu, respectent les mêmes règles et visent les mêmes objectifs.


Difficile de trouver le bon équilibre…
Il faut rapprocher la décision des acteurs de terrain, mais l’État doit garder des agences centrales, des systèmes d’inspection afin d’assurer le contrôle et l’évaluation. On a l’impression que pour le primaire et le secondaire, la France reste entre deux eaux. On observe même parfois une forme de recentralisation et de reprise en main. Comme universitaire, je vis la réforme LRU [loi relative aux libertés et responsabilités des universités, ndlr] sur l’autonomie. Le navire est censé être dirigé par le capitaine élu et son équipage mais en réalité, par exemple, pour tout ce qui est comptable, le rectorat reprend la main et le ministère garde l’évaluation des équipes et des formations. D’une certaine façon, l’autonomie donnée d’une main est reprise de l’autre. Tout se passe comme si nous ne pouvions pas surmonter notre défiance envers les diverses formes de démocratie locale.


Dans l’hypothèse d’une décentralisation accrue du système éducatif, comment assurer la péréquation ?
Quand on regarde le système éducatif, la décentralisation a plutôt créé de l’égalité territoriale. Les régions et départements qui avaient du retard en matière d’équipement notamment ont vu les collectivités investir massivement et rééquilibrer. Heureusement, car l’État continue à donner beaucoup plus aux établissements socialement favorisés par le jeu de l’ancienneté des enseignants et de la multitude des options. Mais il existe aujourd’hui suffisamment d’outils pour maintenir l’unité de l’école, comme les concours de recrutement, les programmes nationaux…


Pour vous « État fort » rime donc avec « décentralisation » ?
On peut combiner la décentralisation et un pilotage fort de l’État. Ce n’est en aucun cas un affaiblissement de l’État. Et puis cessons de surestimer les succès de la tradition jacobine en matière d’égalité territoriale…


Y a-t-il un besoin de nouveaux services publics et comment y répondre ?
Si l’on prend le cas de la dépendance par exemple, il faut une politique forte et coûteuse. Mais là encore, faut-il pour autant créer un ministère et recruter une armée de fonctionnaires pour s’en occuper ? Je n’en suis pas convaincu. La délégation de service public à des associations contrôlées par l’État me paraît offrir plus de souplesse. Les travailleurs sociaux dépendent essentiellement d’associations contrôlées par l’État, à l’exception des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, qui sont des agents de l’État.


Le temps politique est-il compatible avec le temps de l’administration en matière de réforme et de gouvernance ?
Il y a de telles résistances à la réorganisation du système scolaire que nous sommes rentrés dans des cycles de petites réformes au coup par coup, épuisantes, et qui souvent se contredisent. Les gens de terrain commencent à trouver cela insupportable. Quand vous êtes universitaire, tous les quatre ans, votre laboratoire est évalué, mais la procédure change à chaque fois. Les effets de ces petits changements sont pervers car, paradoxalement, ils encouragent les comportements routiniers des personnels. Il faut donc admettre que la mise en œuvre d’une réforme sérieuse de l’éducation nationale prendrait des années et des années. Quand les pères fondateurs de l’école républicaine ont appliqué leur ambitieux programme, avec une école dans chaque village, les ministres ont changé, mais l’administration a poursuivi son œuvre.


 Laurent Fargues sur Acteurspublics.com

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